Le milieu souterrain représente lâun des plus vastes écosystèmes terrestres de la planète. Il est constitué de cavités dans les massifs calcaires mais aussi plus largement dâabris souterrains creusés par lâhomme, de mines anciennes, des éboulis, des tubes de lave ou du milieu interstitiel des cours dâeau. Lorsque lâon parle de grotte, il faut différencier le milieu souterrain dans son ensemble et le karst en particulier.
Le karstLâorigine du mot vient dâune région calcaire de Slovénie, le Karst. Il est lâensemble des vides creusés dans les roches calcaires, dont les cavités pénétrables montrent quelques aspects. Sous lâaction combiné de lâeau, du gaz carbonique et du temps, les calcaires donnent naissance à une structure organisée et hiérarchisée de fissures, de galeries et de salles.
Le patrimoine souterrainContrairement au milieu naturel extérieur où la végétation, moyennant des conditions de vie minimales, se régénère chaque année, le milieu karstique abrite un patrimoine qui se constitue au fil des millénaires. Particulièrement stable, il a la propriété de restituer dans un état de conservation remarquable tant les œuvres de nos lointains ancêtres, les vestiges dâune faune de lââge quaternaire (ours des cavernes, mammouths, bisons…) et même tertiaire, que les concrétions qui se sont formées peu à peu jusquâà faire partie intégralement du paysage.
Les concrétionsLes concrétions des grottes sont issues du dépôt de matériaux transportés à lâétat dissous à travers la masse rocheuse, et résultent de lâaction de lâeau et du gaz carbonique sur une formation soluble, le calcaire. De ces réactions, naissent des dépôts cristallins, la calcite, lâaragonite ou le gypse qui, en fonction des différentes forces auxquelles ils sont soumis, prennent la forme de stalactites, stalagmites, colonnes, etc.
Lâintérêt scientifiquePour la science, lâétude du concrétionnement dans les grottes reste un domaine relativement vierge. Seule une partie très restreinte du karst a été abordée, laissant encore dans l'ombre des domaines de recherche entiers. Lâétude du karst nécessite des méthodes dâapproche indirecte, complexes et coûteuses, qui ont tenu à lâécart nombre de chercheurs. Pourtant lâintérêt minéralogique, géochimique ou paléoclimatique est de taille. De fait, une concrétion constitue un enregistreur naturel des données environnementales qui ont présidé à sa formation puis à sa conservation. Une concrétion est la mémoire climatique de la terre depuis des centaines de milliers dâannées.
Un patrimoine fragileCe patrimoine, sâil est exceptionnel, est dâune fragilité sans pareille, tant les modifications de lâenvironnement que la pollution liée à la présence de lâhomme, directe (trace de pas, piétinement…) et indirecte (effets de son métabolisme) mettent en péril la conservation du milieu karstique. Or, depuis quelques années, lâimportante fréquentation des sites souterrains, parfois victimes de dégradations, volontaires ou non, a fait de la sauvegarde des grottes et de leur contenu une tâche difficile mais capitale.
Texte élaboré en grande partie par Michel Bakalowicz, HydroSciences Montpellier