Le chiffre couramment retenu pour la croissance des concrétions de calcite est dâenviron 2,5 cm par siècle. Cette valeur est totalement fantaisiste dans la mesure où elle ne tient absolument pas compte de lâirrégularité du phénomène de croissance dans le temps, ou des périodes de croissance rapide peuvent être entrecoupées de longues périodes de croissance nulle.
Deux méthodes permettent de mesurer directement la vitesse de croissance des concrétions : lâobservation dans les ouvrages taillés par lâhomme (tunnels de chemin de fer, de routes ou de canaux fluviaux) et les datations absolues par les isotopes non stables comme le carbone 14. De manière indirecte, on peut parvenir à dater les concrétions grâce aux vestiges archéologiques situés à proximité.
La vitesse de croissance des concrétions est liée aux multiples facteurs impliqués dans leur formation : débit de lâeau, la concentration relative de lâair et de lâeau en gaz carbonique, le taux de sursaturation en carbonate, le temps de germination des cristaux et la présence dâions étrangers tels que le magnésium.
Le premier facteur de croissance des concrétions est le débit de lâeau. De fait, elle sâarrête de croître, si la concrétion nâest plus alimentée. Plus elle lâest, par contre, plus lâapport de carbonate de calcium dissous, indispensable à sa formation, est important. En revanche, lâérosion de la concrétion peut être provoqué par un débit trop fort.
Le moteur essentiel de la croissance de la concrétion reste pourtant la différence relative de pression du gaz carbonique contenu dans lâair et dans lâeau.
Un facteur important dans le rythme de croissance dâune concrétion est le temps de germination, ou temps de latence, qui fait quâune solution sursaturée en carbonate de calcium dissous ne va pas précipiter immédiatement. Ainsi, une eau saturée dont le débit est trop rapide ne donne naissance à aucune concrétion. Si le débit est faible en revanche, des concrétions, dâun volume parfois important se forment. Câest lâexistence de ce temps de latence qui explique, par exemple, lâapparition de stalagmites de grande taille sous une petite fistuleuse.
Texte inspiré du livre "Fleurs de pierre" de Patrick Cabrol et Alain Mangin - Année 2000 Editions Delachaux et Niestlé